Portées par le boom minier et l’urbanisation, les sociétés spécialisées dans la protection font florès au Burkina Faso. État, entreprises, banques, institutions ou particuliers, les clients ne manquent pas.
Au Burkina Faso, les sociétés spécialisées dans la sécurité fleurissent, essaiment et prospèrent. Si le pays est l’un des rares sur le continent à ne pas compter de filiales de multinationales du secteur, comme G4S, quelques nationaux et une poignée d’expatriés ont investi le créneau : hommes d’affaires burkinabè, retraités de la défense ou de la police nationale, anciens membres des services de sécurité français…
En 2013, on dénombrait plus de 300 entreprises de sécurité dans le pays, dont 200 établies dans la seule ville de Ouagadougou. Depuis la fin des années 2000, le boom minier, mais aussi les crises ivoirienne et malienne ont engendré une affluence de population dans le pays, avec pour corollaire l’apparition de nouveaux types de criminalité, notamment les braquages à main armée, qui ont favorisé un développement soutenu du secteur.
Selon les experts, le domaine de la sécurité privée a représenté plus de 30 000 emplois et généré un chiffre d’affaires de 15 milliards de F CFA (près de 23 millions d’euros) en 2013, qui devrait encore augmenter cette année, pour atteindre les 20 milliards de F CFA.
Profesionnalisation
Les clients sont aussi divers que nombreux : État, institutions internationales, banques, entreprises, particuliers et, surtout, grands groupes miniers, qui recourent à un nombre important d’agents pour sécuriser les périmètres de leurs permis, notamment contre les orpailleurs clandestins. La crise du cours de l’or n’a pas réduit les budgets des contrats de sécurité privée sur les neuf sites industriels de la filière dans le pays, et l’entrée en production de nouveaux gisements d’or et de manganèse d’ici à l’an prochain devrait conforter la tendance.
Face à l’augmentation des demandes, mais aussi des exigences, les sociétés de sécurité ont dû s’adapter et se professionnaliser : formation des agents, acquisition de matériel (radios VHF, gomme-cogne, gaz paralysant, gilets pare-balles), de véhicules modernes, etc. De son côté, afin d’éviter les dérapages et l’amateurisme, l’État s’est attelé à la réforme de ce secteur en pleine expansion.
Surveillance
« Notre clientèle est de plus en plus exigeante et demande des prestations de vidéosurveillance, des contrôles d’accès, de la garde rapprochée, des systèmes d’alarme », explique Arouna Nikiema, 45 ans, PDG de la Brigade burkinabè de surveillance (BBS First Security). Leader du secteur, il emploie 2 500 agents, déployés dans tout le pays. Créée en 1996, BBS fait figure de pionnière au Burkina, où elle s’est orientée sur les services de sécurité globale – sécurité physique, électronique, et convoyage de fonds. En février 2012, Arouna Nikiema a encore innové en ouvrant l’Académie de sécurité professionnelle (ASP), première école du genre dans le pays.
Malgré sa place de leader, BBS doit désormais soutenir la concurrence de nouvelles entreprises qui montent en puissance, comme Somaplass, ou encore Security Guard, également dirigée par un Burkinabè, qui s’est spécialisé dans la sécurité des sites miniers.